Un rapport officiel présenté à la Commission européenne révèle que l’ambitieux objectif de l’UE de produire un cinquième des puces mondiales d’ici 2030 est compromis.
L’Europe visait à contrôler 20 % de la production mondiale de semi-conducteurs pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Asie du Sud-Est et des États-Unis. Cependant, un rapport récent indique que cet objectif ambitieux, fixé en 2022, est désormais jugé irréaliste. Annemie Turtelboom, qui a présenté le rapport de la Cour des comptes européenne, a souligné que cet objectif est « déconnecté de la réalité ».
Pour atteindre ces 20 %, l’Europe devrait presque quadrupler sa capacité de production dans les cinq prochaines années. Actuellement, l’Europe accuse un retard. La stratégie à long terme de la Commission européenne doit être repensée pour mieux s’aligner sur les réalités du marché.
Une stratégie de production de puces électroniques à revoir
En 2022, l’objectif de l’UE était de surmonter les pénuries de semi-conducteurs qui ont affecté l’économie pendant la crise du Covid-19. Bruxelles a donc fixé un cap ambitieux pour rattraper son retard dans le domaine des puces électroniques, essentielles pour nos smartphones, voitures et ordinateurs, majoritairement produites en Asie du Sud-Est et aux États-Unis.
Des financements européens insuffisants face à la concurrence mondiale
Il y a dix-huit mois, l’UE a lancé le « Chips Act », un plan de subventions visant à réduire sa dépendance. Cependant, les résultats tardent à se concrétiser. Les matières premières nécessaires, largement contrôlées par d’autres pays, posent problème. Par exemple, la Chine détient 95 % du gallium raffiné mondial.
Parallèlement, les investissements prévus (près de 86 milliards d’euros) semblent faibles face aux géants tels que Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), Samsung et Intel, qui ont prévu d’investir 425 milliards de dollars entre 2020 et 2023. Par conséquent, l’Europe ne devrait atteindre que 11,7 % de la production mondiale d’ici 2030, une augmentation modeste par rapport à 2020.
Retards et annulations de projets majeurs
Ces chiffres s’expliquent en partie par les retards ou les annulations de projets initiaux. Intel, par exemple, avait prévu d’investir 30 milliards d’euros dans une méga-usine à Magdebourg, en Allemagne, mais le projet a été reporté. Annemie Turtelboom a souligné que la concentration des fonds sur un nombre limité d’acteurs signifie que l’abandon d’un projet a un impact significatif sur les objectifs de 20 %.
En outre, la Commission européenne ne contrôle que 5 % des fonds annoncés dans le Chips Act. Les difficultés se multiplient dans une course mondiale où l’Europe peine à suivre. Le manque de coordination entre les pays européens, qui ne sont pas tenus de partager leurs projets d’usines, complique encore la tâche.
Urgence de repenser la stratégie des semi-conducteurs
Les experts du rapport recommandent une révision urgente de la stratégie, notamment en actualisant le Chips Act, en réévaluant l’objectif initial des 20 %, et en intégrant les futures tendances de l’industrie. Ils suggèrent que l’UE se concentre sur les puces pour l’intelligence artificielle et les circuits gravés plus petits. Le prochain réexamen du Chips Act est prévu pour septembre 2026.
Les tensions géopolitiques compliquent également la situation. Les menaces de droits de douane sur le secteur par Donald Trump augmentent le risque d’un « effondrement des chaînes d’approvisionnement ».
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